Des Jardins d'Etretat à Munnar (Inde du sud)
Jadis modeste village de pêcheurs, Etretat devient au XIXème siècle une station balnéaire de renom. Jacques Offenbach et Guy de Maupassant y organisent des fêtres qui font date, Gustave Courbet, Eugène Boudin et Claude Monet immortalisent le lieu et Maurice Leblanc qui y vecut contribua au mythe entourant le site dans une aventure d'Arsène Lupin intitulée « l'aiguille creuse ».
Aujourd'hui , la blancheur des falaises a trouvé un contrepoint de verdure avec les « jardins d'Etretat » crées par le paysagiste Alexandre Grivko que la presse surnomme « le jardinier des oligarques russes ». Un jardin de topaires tout en rondeur. Tout d'abord l'endroit : une villa a flanc de falaise qui fut la propriété d'une actrice parisienne a la fin du XIX ème face à l'aiguille creuse et aux falaises de craie blanche symbole de la ville. Le cadre est unique et pour mener à bien ce projet Alexandre Grivko ne s'est pas préocuppé de l'adage qui veut qu'un jardin se construise avec le temps ; non ! il fonce et il ne lui faut pas plus de deux ans pour mener à bien son projet, acheter la villa, la restaurer, implanter plus de 35000 persistants adultes, élever des centaines de mètre de murets, deverser 1000 tonnes de terre pour recouvrir la roche infertile.
Enfin faire appel à un bataillon de jardiniers russes pour tailler et façonner quotidiennement les ifs, buis, osmanthes, houx, éléagnus qui composent le jardin et ne demandent pas mieux que de grimper vers le ciel de bord de mer.
Ce qui frappe le visiteur quand il franchit les portes du lieu c'est que ce jardin contemporain n'est plus simplement un jardin c'est une œuvre autant qu'un manifeste pour son concepteur. Le jardin est une passion partagée et un art plutôt consensuel, avec Grivko on découvre que c'est un art clivant. Ici pas de fleurs, ni de couleurs vives et variées ; pas un étalage de variétés botaniques non plus. Des dégradés de verts qui cheminent au grès des ondulations et spirales de topiaires. Spectaculaire et puissant le dessin et les formes du végétal servent d'écrin aux grosses têtes rondes en résine élastomère, œuvres de l'artiste Samuel salcedo. Ces grosses têtes tantôt grimaçantes tantôt épanouies sont comme des perles posées sur des coussins de buis.
Ce jardin vert devient alors comme un organisme qui vous enveloppe et qui vous invite au dialogue intérieur. Il vous emmène et vous guide dans cette pente douce vers la mer avec des éléagnus gris sculptés comme les vagues de la mer de la Manche et des spirales de buis en compagnie d'oeuvres d'art posées ça et là, mais parfaitement intégrées, tout au long de votre parcours.
Nous avons découvert ce jardin quelques temps avant de parcourir le Sud de l'Inde et la région de Munnar en particulier. A la vue des plantations de thé l'image des « jardins d'Etretat » nous est revenue à l'esprit avec ses colines sculptées par la main des femmes qui cueillent le thé quotidiennement, ces mêmes dégradés de vert partout présents et de place en place d'énormes rochers qui viennent se poser sur des coussins de verdure un peu comme les sculptures de Samuel Salcedo.
La comparaison s'arrête là mais il me plaisait de vous la faire partager et si vos pas vous guident jusqu'à Etretat n'oubliez pas, aprés avoir foulé les galets gris de la plage, bercés par le bruit des vagues, de prendre un peu de hauteur et de savourer la beauté de cet écrin accroché à la falaise.
Les jardins d'Etretat
avenue Damilaville76790 Etretat
02 35 27 05 76
www etretatgarden.fr
ouvert tous les jours de 10h à 15h
Léon Faligot
jardin de Basroger
Date de dernière mise à jour : 29/03/2021